Chronique d'une vuelta du CFT entre Amateurs et Professionnels …
Un petit tour chez les amateurs :
La sortie du "Cours de Tauromachie" de Christian Le Sur a suscité un vif intérêt dans le petit monde des aficionados. Aussi, certains clubs taurins l'ont invité à venir parler de cet ouvrage, ainsi que de l'aventure du Centre Français de Tauromachie.
En février, ce ne sont pas moins de 4 clubs qui lui auront ouvert leurs portes, à commencer par celui de "L'aficion", conduit par l'incontournable et sympathique Claude San Nicolas, à Boujan sur Libron. Sur les hauteurs de ce petit village, qui compte désormais une très jolie feria fin juin, se trouve une propriété viticole. Son accueillant propriétaire réunit une poignée de passionnés, dans son chai, hors saison, pour parler toros. L'auditoire fut très attentif à l'exposé animé par l'ami Paul Hermé, habitué des lieux et le livre a reçu un très bon accueil. La soirée s'est terminée autour d'un cocktail très agréable, où l'on a pu parler toros et viticulture. J'ai toujours pensé qu'il y avait beaucoup de similitudes entre l'élevage du vin et des toros. Un jour, cela fera peut-être l'objet d'une rencontre "Vins et Toros".
L'aficionado étant un individu non violent et se pliant de bonne grâce aux contrôles imposés, la journée se déroula dans la plus grande sérénité et la séance de signatures itou. Ce ne sont pas moins de 400 personnes qui sont venues dans la piste, après la capea et l'apéritif, pour prendre un excellent déjeuner, aux excellents effluves de garbure et de canard confit ! A nouveau, les échanges lors des signatures ont permis de confirmer que cet ouvrage répond à un besoin d'apprendre qui, semble-t-il, n'existait pas auparavant.
Cette étape clôturait notre tournée des clubs, durant notre vuelta. En effet, dès dimanche soir, notre déplacement prenait un virage plus studieux, car nous devions rejoindre trois de nos élèves, Clément, Nino et Canten, dans le sud de Salamanca, plus précisément à Alba de Tormes, patrie de Sainte Thérèse d'Avila qui y fonda un couvent de Carmélites. Ils avaient le privilège de s'y entraîner en compagnie du Maestro Juan Leal, qui les avait invités, durant sa préparation. Pendant le trajet de plusieurs heures qui nous séparait du campo charro, au niveau de Valladolid, plus exactement à La Flecha, nous nous sommes arrêtés, pour essayer d'apercevoir El Rafi, qui participait à un festival de luxe, jugez plutôt le cartel : Cayetano, El Fandi, Emilio de Justo, Pablo Aguado, Toñete et El Rafi ! Nous voilà arrivés en trombe, juste après la pose des banderilles. Lorsque Christian Le Sur, son ancien professeur tenta de rentrer par une porte dérobée, la taquilla étant fermée depuis bien longtemps, deux vigiles l'en empêchèrent, refusant même la propina qu'il leur proposait pour pouvoir entrer ! Aussi, il resta là, pour admirer la belle faena, en la regardant par une porte entrebaillée, entre les jambes d'aficionados restés debout sur une plateforme ! Il ne put en apercevoir que la moitié du ruedo, entendant seulement les applaudissements et les olés du public quand Rafi toréait dans la moitié non visible ! Cela donnait encore plus de piquant à cette situation finalement bien cocace. Mais, par chance, il a quand même pu apprécier cette très jolie faena et surtout cet indulto de l'excellent novillo de Carlos Criado qui a enflammé la toile. Ironie du sort, nous avions eu l'opportunité de nous rendre dans cet élevage par deux fois, lors de stages avec les élèves, qui avaient, déjà à l'époque, eu l'occasion de gracier un toro, tellement le bétail était bon, sous les yeux du Maestro Manuel Caballero, grand ami de la famille.
C'est donc le cœur plein de joie que le Maestro Le Sur a poursuivi son chemin vers Salamanca, pour y rejoindre ses élèves.
C'est donc le cœur plein de joie que le Maestro Le Sur a poursuivi son chemin vers Salamanca, pour y rejoindre ses élèves.
Arrivés en début de soirée, nous nous sommes régalés d'une succulente épaule d'agneau, cuite au four avant une nuit de sommeil bien réparatrice, après tous ces kilomètres. Rendez-vous était pris à 11h30 pour un entraînement à Villares de la Reina, dans le complexe multisport de la ville. Le maestro Juan Leal nous y attendait. Parti tôt le matin même de Séville pour s'y entrainer, il avait accepté la présence de 3 de nos élèves.
Avec un léger retard, nous entrons dans la salle, qui d'habitude est utilisée pour des matches de pelote basque. Le maestro Julian Guerra est aux manettes. "Guerra", le bien nommé, qui est parti fâché avec tous les matadores qu'il a conseillés, mais que tout le monde aimerait avoir un jour comme mentor. Alors, vous ne pouvez pas vous tromper, c'est de sa voix de stentor qu'il accompagne Juan, qui redevient un élève comme un autre et tel un véritable maître de ballet, Julian lui indique que faire, comment le faire, lui corrige tout, il parle haut, sa voix résonne dans cet immense gymnase. Un filet habituellement prévu pour protéger les spectateurs est un peu relevé. Nous n'osons pas entrer pour perturber le cours des choses mais l'accueil est sympathique, il insiste pour que nous nous approchions. Et il repart de ses conseils très sonores, il est assis sur le banc de touche, voit tout, dissèque le moindre geste du Maestro Leal, secondé par son banderillero de confiance Agustín, qui lui "fait" le toro. Et, quand il juge que ce n'est pas compris, il se lève et immédiatement, on oublie ses 100 kg, on voit juste la légèreté et l'élégance du geste, de la profondeur, ce type sait ce qu'il veut obtenir de Juan et il ne le lâchera pas ! "Quand les gestes sont bien faits, n'insiste pas, termine là, laisse le public en vouloir d'autres !". Cette nouvelle impulsion dans son entrainement est une bonne nouvelle, car, dès les premières minutes, on constate des évolutions notables dans son toreo, une ceinture incroyable, une profondeur et une amplitude augmentées. Ça promet pour la temporada à venir, on va se régaler. Pour l'heure, le Maestro Leal est très concentré, sérieux, s'exécute, encore et encore, il répète, inlassablement les gestes, le plus précisément possible, la voix du Maestro Julian Guerra n'en finit plus de résonner. Là, à cet instant, nos trois élèves qui se sont installés dans la salle, sur le côté, se rendent bien compte que l'on n'est plus chez les amateurs, c'est du sérieux, les pros s'entraînent, c'est intimidant, mais, allez, on se lance, on y va, en silence !
Il part en avance, pour nous réserver une table dans sa "cantine" du coin, appelée "Como en casa" : "Jeu de mots !..." aurait dit Maitre Capello, cet être érudit au visage batracien qui faisait les riches heures du petit écran, voilà de trop nombreuses années et dont je suis la seule à me souvenir !
Nos élèves plient donc leur matériel et comme la croisière jaune, nous voilà en voiture, les uns derrière les autres à chercher notre restaurant. "C'est juste derrière, à deux pas !" avait dit Juan. Mais, les subtilités des Gps nous feront faire un très grand détour, pour atteindre notre lieu de déjeuner.
Et ce lieu est bien nommé, on se dirait "à la maison" avec une excellente cuisine, qui nous permet de passer notre premier moment informel avec le Maestro. Il est d'une gentillesse extrême, il veut savoir où les petits vont toréer en 2020, s'intéresse à chacun. Il est détendu, même s'il sait qu'il joue une partie très serrée cette année et qu'il n'aura pas le droit à l'erreur. Il passe de nombreux coups de fil pour nous trouver des tentaderos. Ils sont rares, surtout quand d'autres matadores figuras sont aussi dans la même zone à écumer les élevages !
Nos élèves plient donc leur matériel et comme la croisière jaune, nous voilà en voiture, les uns derrière les autres à chercher notre restaurant. "C'est juste derrière, à deux pas !" avait dit Juan. Mais, les subtilités des Gps nous feront faire un très grand détour, pour atteindre notre lieu de déjeuner.
Et ce lieu est bien nommé, on se dirait "à la maison" avec une excellente cuisine, qui nous permet de passer notre premier moment informel avec le Maestro. Il est d'une gentillesse extrême, il veut savoir où les petits vont toréer en 2020, s'intéresse à chacun. Il est détendu, même s'il sait qu'il joue une partie très serrée cette année et qu'il n'aura pas le droit à l'erreur. Il passe de nombreux coups de fil pour nous trouver des tentaderos. Ils sont rares, surtout quand d'autres matadores figuras sont aussi dans la même zone à écumer les élevages !
Sur le chemin, nous retrouvons Maurice Berho, lui aussi venu en direct de Séville. Là où est Juan est Maurice ! Nous sommes toujours heureux de le voir, cet enfant du sud-ouest, bercé dans la culture du rugby, qui est aussi gentil que sa carrure est imposante. Même si le Maurice, il ne faut pas lui perdre le respect car, il a de la race et il entend bien défendre les intérêts de "son" Maestro, qu'on se le dise !
On roule un long moment pour atteindre la Ganaderia Garcigrande, qui se trouve au sud d'Alba de Tormes. Puis, passé le portail en pierre, on croit être arrivés, mais pas du tout, c'est à ce moment-là que s'offrent encore plusieurs kilomètres de chemins pierreux, bordés d'un campo truffé de toros, tous plus imposants les uns que les autres, qu'il faut parcourir avant d'arriver devant une arène couverte. Il fait alors un froid humide, Maurice remonte le col de Juan, dans une attitude très touchante, ces deux-là vivent une très belle relation. Cela fait plaisir à voir.
Il y a un vent qui nous donne la sensation que jamais on n'arrivera à garder un peu de chaleur en soi. C'est le cas, on doit être très très couverts pour tenter de contenir une petite température presque correcte. Le matériel de ski n'est pas de trop, les collants techniques, les bonnets, gants et autres manteaux sont de rigueur. D'autant que, comme d'habitude, on va attendre, attendre et encore attendre. C'est comme ça, il faut le savoir, ne pas s'en offusquer, il y a toujours quelqu'un ou quelque chose qui n'est pas prêt ! D'ailleurs, même si le picador est déjà là, lui aussi, il attend !
Maurice est là qui veille à tout. Et puis, le revoilà qui arrive avec sa voix forte, le maestro Julian Guerra, car le Maestro Leal doit tuer un toro en entraînement pour régler beaucoup de détails. Et c'est le cas, la séance dure assez longtemps et à en juger les retours, cela fut très utile et a permis de mettre en pratique ce qui avait été vu le matin même. Super !
Puis, très vite, vu le froid, nous ne nous attarderons pas. Vite, un peu de chaleur et de réconfort dans les voitures. Re-croisière jaune et arrivée à notre hôtel, pour passer une soirée très agréable avec l'excellent Maurice, autour de cochinillos grillés comme seuls les espagnols savent les cuisiner. Le Maestro, lui, est reparti avec Agustín pour se reposer car le réveil à 5 heures du mat', même pour un petit jeune, à un moment, il faut se reposer et demain, il y a encore vaches, novillos et toros !
Ce matin, le réveil se fait dans la brume, le froid et un petit vent frisquet.
Là, évidemment, se croisent aussi des aficionados curieux, passionnés de campo. On partage alors un déjeuner à base de produits du terroir, de vin et d'histoires de toros et de rugby. Il y a beaucoup d'habitués, c'est un hôtel-restaurant de bord de route, où les camareros sont de métier, la cuisine excellente et l'Espagne peut s'enorgueillir d'avoir ce genre d'établissements que le France n'a pas la chance de connaître.
Nous nous plaçons dans la petite pièce, en hauteur, derrière des baies vitrées, Julian y est installé et l'on va assister à un grand numéro, sa voix puissante guide tous les mouvements du Maestro Juan, tout le long de l'entrainement. Le bétail est intéressant, le toro est fort, le novillero un peu sur la défensive et l'animal le sent, il ne lui laisse rien passer. Il ne faut pas faire d'erreur car sinon, on le paie cher.
Les élèves sont sortis "de second" aux vaches et restent sages, en observateurs, lorsque c'est le tour du novillero. Il est souvent aussi intéressant de regarder les autres faire que de faire soi-même !
Le jour commence à tomber, le coucher de soleil sur le campo est sublime. Olga, la charmante épouse du ganadero nous accueille chaleureusement, dans une salle décorée des souvenirs de l'histoire de l'élevage. Un petit pica-pica nous y attend. C'est un moment très agréable. Tout le monde se requinque après une après-midi physique. Julian Guerra s'est déjà éclipsé, il est l'heureux papa d'un petit garçon de 4 ans qu'il ne voit pas assez souvent à son gré, donc, on le comprend.
Chanquete.